“Je suis né le 4 février 1947 à Luçay-le-Mâle (Indre). Après des études de lettres, je me suis tourné vers l’ethnologie, essentiellement par attrait pour la pensée et les cultures des Indiens nord-américains. Mes recherches ont d’abord porté, au début des années 70, sur les mouvements militants indiens. Puis, devant toutes les questions qui se posaient à moi, elles se sont progressivement étendues, dans une perspective ethnohistorique, à une étude générale des relations entre Indiens et colons européens et leurs descendants des origines à nos jours, sur l’ensemble du continent nord-américain.

Me démarquant de l’image traditionnelle qui représente uniquement ou principalement les Indiens comme des victimes, j’ai cherché à comprendre quelle a été, face aux agressions subies, leur créativité historique, les adaptations qu’ils ont réalisées, les valeurs et la vision du monde qu’ils ont continué de défendre, l’offre de coexistence et de partage culturel qu’ils n’ont cessé de proposer aux hommes à leurs yeux étranges venus d’Europe.

Et de même, plutôt que de m’en tenir à une dénonciation de la colonisation et de ses crimes, j’ai cherché à comprendre pourquoi les gens venus d’Europe ont été globalement incapables d’admettre et respecter les altérités indiennes, n’ont été qu’agression envers elles, et pas seulement de manière violente et spoliatrice, mais même quand ils ont voulu le bien (toujours conçu en termes d’assimilation) des Indiens. C’est en fait qui demande, plutôt que de se donner la bonne conscience de désigner des coupables, à nous interroger sur nous-mêmes et notre civilisation.

J’ai passé un doctorat de 3^e cycle d’ethnologie, sous la direction de Robert Jaulin, en 1987 ; thème : les premiers contacts entre Indiens nord-américains et Européens au xvi^e siècle. Et j’ai été chargé de cours puis maître de conférences en ethnologie à l’université Paris 7-Denis Diderot de 1979 à 2005 puis à l’université Paris V-René Descartes de 2005 à 2014. Je suis aujourd’hui en retraite de l’enseignement, mais non de l’ethnologie !”