Depuis les années 2000, plusieurs vagues de suicides se succèdent dans la population amérindienne de l’Amazonie colombienne. Je découvre qu’hommes et femmes se suicident par mal d’amour : les femmes quittent les hommes pour des « Blancs » et les hommes ne savent pas donner l’amour que les femmes ont appris dans la ville et que maintenant elles demandent. C'est à travers l'amour romantique, le plus grand représentant de la culture occidentale, que nous constatons les dégâts de l'occidentalisation dans la région.

Étant moi-même descendant d'une communauté autochtone presque disparue, je suis allée à leur rencontre pour parler de leur tristesse et de leurs amours, croyant que nous avions quelque chose en commun. Ils m'ont reçu et pendant mon voyage, une quête identitaire s’est révélée à mes yeux. Avec douceur et tendresse, ils m’ont aidé à répondre à cette nouvelle question et m'ont montré ce que c'est que d'être autochtone.

L’épidémie des suicides, ce premier point de départ, est très vite devenu une radiographie émotionnelle d'une communauté dont les Blancs de la région pensent que l’Indien ne ressent rien car ils ne s’expriment pas comme eux et, dans leur langue, il n’y a pas des mots pour désigner les sentiments. Est-il possible que tout un peuple, les Indiens Cácuas, ne ressentent rien, n’aient aucun sentiment et aucun mot pour parler d’amour ?